Soco International a été autorisée depuis quelque temps, par le gouvernement central, d’explorer et d’exploiter le pétrole dans le parc des Virunga. Mais à ce jour, les communautés locales ne sont pas favorables à cette initiative. Elles craignent entre autres, des «conséquences écologiques».

Les membres des communautés locales ainsi que les autorités coutumières de Lubero et Rutshuru s’opposent à l’exploration et à l’exploitation du pétrole dans le parc national des Virunga, par l’entreprise italienne Soco International. Ils l’ont déclaré, le samedi 24 mars, à la clôture d’un atelier de deux jours organisé par les organisations de défense de l’environnement à Vitshumbi. Selon les participants à cet atelier, l’exploitation du pétrole dans le parc national des Virunga pourrait, à long terme, avoir des conséquences négatives, notamment sur la pratique de la pêche dans le lac Edouard situé dans le parc.
«Nous nous opposons à ce projet du fait que c’est nous qui risquons d’être perdants. Si une fois le gisement de pétrole se situe dans les frayères, tous les poissons seront tués», a affirmé il y a quelques jours à Radio Okapi Ngumbi Ngalya, l’un des membres de la Société civile de Nyakakoma. Ce membre de la Société civile s’est également interrogé si les déchets pétroliers ne polluent pas l’eau du lac pourtant consommée par les riverains. «En plus, il n’y a aucune garantie quant à l’embauche de nos enfants par Soco International», a-t-il ajouté.
Les communautés locales veulent être impliquées dans l’étude de l’impact environnemental et social de l’exploitation pétrolière dans leur milieu. Il faut noter que Soco International a lancé les travaux d’exploration et production du pétrole dans le parc des Virunga en 2010.
Et dans un communiqué de presse diffusé dans les médias locaux, le Centre patrimoine mondial de l’Unesco a exprimé sa préoccupation face à l’exploitation pétrolière dans le bloc 5 du rift albertine Est. Selon ce communiqué, ce bloc couvrirait environ les trois quarts de la superficie totale du parc des Virunga.
Il faut noter que la zone d’exploitation pétrolière couvre une superficie de 7 000 kilomètres carrés. L’ordonnance présidentielle portant exploration et production du pétrole dans le bloc 5 du rift albertine Est RDC, par l’entreprise SOCO International, a été signée par le chef de l’Etat au mois de juin 2011. Cependant, pour les experts environnementalistes du Nord-Kivu, une étude indépendante d’impact environnemental devrait être menée avant le lancement du projet. «Comment pouvons-nous comprendre que l’on donne à une entreprise le contrat de faire l’extraction et on demande à la même entreprise de faire les études des effets environnementaux ? C’est inadmissible.
A ce stade, il est facile de comprendre qu’il y aura des impacts négatifs sur le parc. Il y aura également une partie de biomasse qui va être enlevée… », s’était indigné en son temps, le directeur général de l’Observatoire volcanologique de Goma (OVG), Dr Kacho Karume.
Pour cet expert, l’OVG craignait qu’avec cette exploitation, une route ne passe par le parc des Virunga et attire braconniers et prostituées.
De son côté, le chef de site du parc des Virunga avait affirmé, l’année dernière, que l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) n’était pas informé de ce projet.
A noter que le site d’exploitation pétrolière couvre une superficie de 7 mille km², allant de Umangabo, en territoire de Rutshuru jusqu’à Kasindi port au Nord en territoire de Beni, en longeant le lac Edouard au cœur du parc national des Virunga.
L’UNESCO S’EN PREOCCUPE
Le Centre du patrimoine mondial de l’Unesco exprime sa préoccupation face à l’arrêté du ministre congolais de l’Environnement, autorisant la Compagnie South Africa Congo Oil (Soco) a procédé à l’exploration pétrolière dans le bloc 5 du rift albertine Est, dans le parc national des Virunga, au Nord-Kivu. Ce bloc couvre environ les trois quarts de la superficie totale du parc. Selon Radio Okapi qui a livré cette information, l’Unesco affirme que cette position du gouvernement congolais ne fait qu’augmenter la vulnérabilité du parc national des Virunga, déjà classé site du patrimoine mondial en péril depuis 1994.
Pour la radio onusienne, la prise de position de l’Unesco intervient quelques jours seulement après celle du gouvernement belge, qui qualifiait d’«illégale», la reprise des activités de prospection pétrolière par Soco International dans ce parc.
Il sied de rappeler que déjà en 2011, l’exploration du parc avait été contestée par certains élus locaux ainsi que par l’Institut congolais de conservation de la nature (ICCN). Des ONG locales et internationales ainsi que certains partenaires internationaux de la RDC avaient également condamné ce projet.
«La mise en œuvre des projets d’exploitation pétrolière dans le parc des Virunga affecterait grandement la biomasse du parc», avait déclaré la représentante spéciale adjointe du secrétaire général de l’Onu en RDC, Leila Zerrougui, le vendredi 14 janvier 2011 à Kinshasa. Elle intervenait ainsi à la réunion de haut niveau entre les autorités congolaises et l’Unesco sur la protection des sites naturels de la République démocratique du Congo.
Suite à ces pressions, Kinshasa a dû faire marche arrière. Le ministre congolais de l’Environnement, Conservation de la nature et Tourisme, José Endundo Bononge, avait annoncé quelques jours après la déclaration de Leila Zerrougui, la suspension des activités de prospection pétrolière dans le parc des Virunga. Il avait, par la même occasion, proposé le lancement d’une «Evaluation environnementale stratégique (EES), exhaustive, transparente et inclusive, pour étudier les meilleures options pour le peuple congolais».
Source: Olivier Kaforo – Le Potentiel