VIRUNGA DEBATE: 01-07 “Thérèse Snoy et d’Oppuers: c’est le cheval de Troie… “

Chrambre des Répresentants

Extraits de la COMMISSION DES RELATIONS EXTERIEURES du MERCREDI 18 AVRIL 2012  –

Credits: Canuckistan

Source: CHAMBRE-3E SESSION DE LA  53E LÉGISLATURE 2011 2012 K / 18/04/2012 CRIV 53 COM 452 

01.07 Thérèse Snoy et d’Oppuers (Ecolo- Groen):

” Monsieur le président, je me contenterai de réagir sur la question du Parc des Virunga. Mes collègues interviendront sans doute à propos d’autres points.

J’avais déposé une série de questions auxquelles vous avez répondu, au moins partiellement.

Si j’ai bien compris, le ministre de l’Environnement vous a dit qu’il n’autoriserait pas d’exploitation, mais bien des explorations. Le ministre de l’Environnement a toujours soutenu être opposé à une exploitation; il a d’ailleurs marqué son refus par un arrêté, en mars 2011, de toute forme d’exploitation et même d’exploration du Parc, à cette époque.

Par contre, quasiment juste après les élections, le président a signé des contrats avec Total et avec Soco (SouthAfricaCongoOil). À l’évidence, il existe une divergence entre les deux personnes. J’ignore si le président s’engagera réellement dans la protection de ce territoire autant que son ministre; à ma connaissance, ce ministre est passé ministre en affaires courantes puisque le gouvernement n’a pas encore été mis en place.

Je suis aussi méfiante par rapport à l’idée de pouvoir organiser des explorations sans atteindre le stade de l’exploitation. Selon moi, c’est le cheval de Troie: on commencera par entrer avec des machines pour explorer les ressources. Et quelles méthodes seront-elles utilisées? Il est bien connu que des gisements sont situés sous certains lacs. Il me paraît particulièrement dangereux d’ouvrir la porte à de telles recherches. Je reste donc sceptique et méfiante. À mon avis, il s’agirait de maintenir une position très stricte d’interdiction totale sur le territoire du Parc.

Vous posez la question de la compensation qu’un pays pourrait recevoir quand il renonce à exploiter une ressource importante. Un cas similaire se déroule actuellement en Équateur quant à la protection du ParcYasuni. Le président équatorien demande à la communauté internationale de pouvoir financer une forme de contrepartie.

Pour moi, de tels problèmes doivent être traités à un niveau assez large. Nous, Belgique, nous ne pourrons jamais résoudre cette question. Cela doit se faire dans le cadre des négociations climatiques où un mécanisme de compensations est prévu pour les pays qui conservent la biodiversité, leurs écosystèmes forestiers, qui évitent la déforestation et donc des émissions importantes de gaz à effet de serre.

Nous devrions donc élever le problème au niveau européen. Pourtant, selon le dernier communiqué du WWF sur les Virunga, l’Europe ne réagit pas: “Que fait l’Europe?” Comptez-vous porter ce dossier au niveau européen? Une intervention européenne claire me paraît indispensable en vue de régler ce dossier de protection du patrimoine, qui est essentiel.

Par ailleurs, vous avez mentionné l’accord sur la protection des investissements. En soutenant la protection des investissements, ne donnerez-vous pas un bâton à Soco ou Total pour exercer totalement le permis qui leur a été accordé vu qu’ils réalisent des investissements? Je suis assez méfiante à l’égard de ces accords. En effet, généralement, on constate que certaines clauses protègent les investissements étrangers même à l’encontre du respect du droit environnemental du pays.”