La découverte du pétrole dans le Graben Albertin
14 May 2012 | News story
La découverte du pétrole convoité par bien des pétroliers est un danger pour des espèces endémiques de la région. Par membre du CEC Philippe Musumba Teso, République démocratique du Congo.
Sur le 1/10 de la RDC se trouvent 80% des sites naturels du patrimoine mondial de l’UNESCO. 4 des 7 parcs de la RDC dont le premier parc africain se trouvent dans cette zone. Cet article qui est aussi un outil d’éducation environnementale pour la population locale détaille les effets de l’exploitation de ce pétrole sur l’environnement. Source: IUCN CEC
Ce travail s’articule sur la découverte du pétrole dans le Graben Albertin : Défis, enjeu et perspectives économico-environnementales. Il est conçu dans le cadre de servir comme proposition d’un support d’aide à la prise de décision par le gouvernement ainsi que tous les autres décideurs intéressés par la présence du pétrole dans le bloc sédimentaire du Graben Albertin à l’Est de la RDC.
Le présent apport scientifique est un produit de fond provenant exclusivement des membres de Forest and Environmental Friends for Research and Development, en sigle FEFRED Relief Wildlife ou en français ‘’Amis de la foret et de l’environnement pour la recherche et le développement, Soulager la Nature’’. Il est une ONG de la société civile environnementale congolaise de monitoring de gestion des ressources naturelles, qui rayonne dans le Rift Albertin Centrale ‘’vaste écosystème des Virunga’’ et très actif au Nord-Kivu autour du lac Edouard et du Parc National des Virunga. Actuellement le FEFRED oeuvre comme un cadre de référence et d’accompagnement de 22 organisations communautaires de base dans les Territoires NYIRAGONGO, MASISI, RUTSHURU, LUBERO, BENI au Nord-Kivu et d’IRUMU en ITURI.
Extrait Conclusion et recommendation:
1. Conclusion
De prime abord, rappelons que notre préoccupation était d’évaluer ce qu’on peut perdre dans le cadre où on optait l’option de l’exploitation du pétrole dans le bloc sédimentaire Graben Albertin, à l’Est de la République démocratique du Congo.
Et ce, en comparaison de ce qu’on peut gagner. Pour mener à bien ce travail, nous avons utilisé la méthode d’investigation basée sur des analyses de documents et sur les entretiens. Le système d’Information géographique nous a aussi servi comme technique lors de la superposition des couches cartographiques.
Au terme de notre étude, nous avons constaté que ces deux projets à savoir, l’exploitation du pétrole et conservation de la biodiversité dans le Graben Albertin sont incompatibles. Ceci, étant donné la fragilité de cette région, non seulement, riche en ressources biologiques mais aussi de grande densité de population. En effet, l’exploitation du pétrole, bien qu’étant utile au développement, a des effets négatifs et de fois irréversible sur la faune, la flore, le sol, l’eau, la cohésion sociale et la santé des populations riveraines. Cela aurait donc des impacts négatifs sur la capacité de production et le social de cette zone qui constitue un de 2 grands foyers de peuplement de République démocratique du Congo.
Le pétrole étant une ressource non renouvelable, face aux immenses ressources renouvelable du rift albertin, le choix de l’exploitation du pétrole dans la
zone du Graben Albertin ne serait pas judicieux. Cela signifierait détruire non seulement une industrie touristique en grande potentialité mais aussi un laboratoire naturel dont toutes les universités du monde ont indiscutablement besoin, contre une industrie pétrolière passagère et destructrice.
2. Recommandations
Vu ce qui précède, nous avons formulé les recommandations suivantes :
A l’Etat congolais
1. De prioriser plutôt l’industrie touristique dans la région du bloc sédimentaire de Graben Albertin que l’industrie pétrolière. Ceci, vue la
fragilité de cette zone riche en biodiversité et vue les effets néfastes de l’exploitation pétrolière. En effet, il faudrait continuer le processus de
pacification et ensuite faire des sites touristiques disponibles des véritables produits touristiques. La formation des acteurs et agents touristiques serait
aussi un atout, étant donné que le secteur touristique est l’un des moteurs du véritable développement durable.
2. De prioriser aussi l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu pour l’électrification de cette zone non seulement dans le souci de réduire la
pression de la population sur les aires protégées mais aussi d’épargner cette même population au danger éventuel de l’éruption de ces gaz.
En fait, il faudrait exploiter le gaz méthane et procéder au dégazage lent du dioxyde de carbone. Cette opération devrait nécessiter de planter des
arbres aux alentour qui serviront à stocker les carbones échappes dans l’atmosphère. Ces opérations permettraient d’augmenter une zone biotique
dans ce lac et par conséquent, accroitre les zones habitables par les poissons et autres êtres vivants de ce lac.
Aux institutions de Bretton Woods et autres bailleurs de fonds
– Que les institutions de Bretton Woods, à savoir, la banque mondiale, la FMI et autres ne s’impliquent pas dans le financement de l’exploitation du pétrole dans cette zone très fragile. Ceci pourrait rendre nul tous les efforts fournis par la communauté internationale ainsi que par bien d’autres bailleurs de fonds intervenant non seulement dans la conservation de l’environnement, au sein de cette région, en général et la revalorisation du PNVi en particulier.
– Que les bailleurs de fonds intervenant dans la région, à l’instar de l’Union européenne, l’USAID, l’UNESCO, la Banque Mondiale et autres se rendent
conscients du danger que courent leur zone d’intervention. Sans cela, tous les efforts et fonds investis jadis, dans la conservation de la nature, la santé et
l’agriculture seraient réduits au néant.
– Que la communauté internationale se rende consciente de la frangibilité et flexibilité de cette région qui est non seulement pour son formidable capital
écologique mais aussi pour sa forte densité humaine. Elle devra se souvenir du principe de la Cour Internationale de la Haye, selon laquelle : « L’environnement n’est pas une abstraction mais bien l’espace où vivent les êtres humains et dont dépendent la qualité de leur vie et leur santé,
y compris pour les générations à venir »18.
A la population locale ;
– De s’impliquer avec courage et soif dans la conservation de la biodiversité de la région, en générale et des forets en particulier. Car sans la foret, il n’y a
point de vie. Elle doit savoir que la destruction des forets et des parcs nationaux a conduit à la désertification de certains pays et au desséchement de certains cours d’eau à l’instar du lac Tchad.
– De soutenir plutôt les efforts de l’ICCN et les projets qui ne sont pas très néfastes à l’environnement. Car un environnement saint procure une bonne santé et mène à un développement durable.
– De savoir que dans tous les pays de la forêt tropical, les attentes de la population sont toujours loin d’être atteintes par les compagnies pétrolières. Partout, les communautés locales récupèrent peu de bénéfice du développement pétrolier, tout en endossant les majorités des coûts sociaux et environnementaux. Et enfin de compte, les communautés locales, dans ces pays, regrettent toujours la destruction souvent exagérée de leur environnement au profit du développement pétrolier dans leur contrée.