Pétrole au Virunga: La Violence faite aux Peuples

Pétrole en Afrique: A quoi sert la manne pétrolière? A quel développement? Qui en bénéficie?

L’Afrique donne l’image d’un continent connaissant une marginalisation croissante sur les marchés légaux du commerce mondial; à l’exception de l’exploitation de quelques minerais: bauxite, uranium, or; à l’exception notable du pétrole.

Aujourd’hui, la manne pétrolière nourrit des Etats comme l’Algérie, le Nigeria, l’Angola, le Gabon, le Congo, le Cameroun. Pour d’autres Etats, les lendemains pourraient être prometteurs: le Soudan, le Mali, le Tchad, la République Démocratique du Congo.

Les tendances les plus récentes fin des années 1990 de l’insertion de l’Afrique dans le mouvement de mondialisation montrent, comme le souligne H. BEN HAMMOUDA du CODESRIA à Dakar (1999) un retour en force de l’insertion rentière par la concentration des investissements étrangers dans les secteurs de l’énergie et des mines et une marginalisation de l’agriculture et des secteurs productifs modernes.

A quoi sert la manne pétrolière? A quel développement? Qui en bénéficie?

Dans la dernière décennie, le pétrole est devenu le premier produit d’exportation d’Afrique Sub-Saharienne. Un lieu commun au Nigeria affirme: « Our oil boom has become our oil doom », notre boom pétrolier est devenu notre malédiction pétrolière.

Les deux premiers producteurs pétroliers d’Afrique Sub-Saharienne, le Nigeria et l’Angola, figurent au rang des Etats à plus faible revenu par habitant.

Partout en Afrique, l’exploitation pétrolière apparaît comme une violence faite aux peuples. Au lieu de servir à développer les ressources productives des pays et le capital humain, la richesse pétrolière, dont la gestion est centralisée dans un cercle restreint autour des détenteurs de l’appareil d’Etat, favorise l’évasion des capitaux et l’éclosion de trafics en tous genres.

Bien plus, la richesse pétrolière autorise des logiques redistributives auprès des élites urbaines – cadres de l’armée, hauts fonctionnaires, commerçants liés à l’import-export et permet aux pouvoirs en place de s’abstenir d’investir dans le développement des ressources productives. A condition de pouvoir protéger militairement, ou par milices, sociétés de mercenaires, le « pays utile », celui où se concentrent les gisements pétroliers.

Bien souvent, exploitation pétrolière et régimes militaires ou à parti unique s’allient bien: Nigeria, Algérie, Gabon, Cameroun, Guinée Equatoriale. Atteintes à la liberté d’expression – censure de la presse, … -, à la liberté d’association – multiples violations des droits syndicaux -, riment également avec économies pétrolières.

Déjà par lui-même peu créateur d’emplois, le développement pétrolier engendre le chômage, par la nonvalorisation des ressources existantes autres que le pétrole.

Enfin la rente nourrit la rente et l’endettement: suite entre autres aux fluctuations du prix du pétrole sur le marché mondial et aux conditions imposées dans les négociations par les multinationales du pétrole aux pays hôtes de leurs investissements, ces derniers sont contraints à réinvestir la rente dans l’entretien et l’expansion de leurs installations pétrolières, de s’endetter lourdement pour y satisfaire, voire de s’obliger à exploiter toujours plus le pétrole en gageant la production future en remboursement de la dette.

On le voit, le pétrole en Afrique rentre dans de nombreuses équations: pétrole et violence faite aux droits des peuples au développement; pétrole, gestion centralisée d’une richesse et désinvestissement de l’économie productive; pétrole et militarisation du pays; pétrole et création de chômage; pétrole, la rente nourrit la rente et la dette.

Est-ce l’option de développement que le Congo a besoin pour briser avec les conflits, les violations des droits de l’homme et pour échapper au piège de la pauvreté? Est-ce que la destruction d’ un des piliers économique de Virunga visant un developpement durable apportera la paix ou plus de violence faite a son peuple?

Ne manquez pas notre prochain article sur la façon dont la préservation des Virunga pourrait apporter la stabilité et une alternative économique incontournable au gouvernement de la RDC.

Source Gresea.be –  Le pétrole en Afrique: La violence faite aux peuples:  

Le présent dossier représente, pour le GRESEA, un premier état des lieux, une démarche d’instruction de ces différentes équations. En mettant ce dossier en chantier fin 1998, le GRESEA s’engageait, en lien avec d’autres associations – AITEC, Association Internationale de Techniciens, Experts et Chercheurs (France), IRENE, International Restructurations Network (Pays-Bas), à contribuer à une réflexion sur les violations des droits des peuples qu’entraîne l’exploitation pétrolière et à accompagner, en mai 1999, par un séminaire d’acteurs et experts, les travaux du Tribunal Permanent des Peuples saisi de plaintes contre les conséquences du développement pétrolier dans différents pays d’Afrique.